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UL SUD-Solidaires St-Denis

Regroupement syndical des structures ou sections de Saint-Denis (93) membres de l'Union Solidaires (dont les syndicats SUD)

Cri d'alarme de collèges du 93 / grève reconductible à partir du 4 mars

Texte des personnels mobilisés du collège Elsa Triolet (Saint-Denis) :

 

A nos collègues de l'enseignement,

Aux habitant-e-s d’ici et d'ailleurs,

A nos hiérarchies administratives diverses et variées

 

 

« Ne croyez pas que personne n’ose désobéir »

Elsa Triolet, 1941

 

Les établissements du second degré en Seine-Saint-Denis déplorent de nombreux dysfonctionnements. Et les informations dont nous disposons pour l'année prochaine concernant nos établissements nous font craindre le pire : hausse ou maintien du nombre de classes et d'élèves, baisse des moyens humains et financiers... Las de nous battre contre des moulins à vents, nous souhaitons alerter sur une situation qui mène à une dégradation en profondeur des conditions de travail de l'ensemble des personnels et qui conduit au sacrifice d'une partie importante de nos élèves.

De nombreux établissements de Seine-Saint-Denis et de façon générale de "l'éducation prioritaire" sont déjà dans des situations extrêmes. La pseudo réforme annoncée en janvier 2014 ne va quasiment rien changer voir aggrave la situation dans la majorité des établissements.  Pourtant des solutions existent...

 

Chronique d'établissements qui sombrent

Nos établissements partent à la dérive. Nous pouvons en pointer les causes qui s'entrecroisent et s'ajoutent les unes aux autres :

- la baisse du nombre d'adultes dans les établissements en proportion du nombre d'enfants et la précarité d'une partie croissante des collègues (contractuels, CUI...) ;

- l'augmentation massive et imposée des heures supplémentaires et des postes d'enseignant-e-s répartis sur plusieurs établissements;

- l'aggravation des conditions de vie (logement, papiers, seuil de pauvreté...) et paupérisation d'une partie des familles et de facto des élèves, ce qui rend scandaleux, par exemple, la récente augmentation des tarifs de cantine décidée par le Conseil Général du 93 (janvier 2013) ;

- le non respect par l'administration de la carte scolaire qui mène au déplacement des élèves dans d'autres établissements à l'encontre du droit des familles;

- l'absence de réponses et de structures pour des élèves en grande difficulté psychologique voire psychiatrique, le manque d'AVS (auxiliaire de vie scolaire) pour les élèves avec un handicap, l’absence de formation pour les AVS ;

- le manque d'établissements qui conduit à la surcharge et à l'anonymat des élèves, des locaux inadaptés et la multiplication du recours aux "préfabriqués", un provisoire qui dure;

- le mépris des hiérarchies envers les personnels, leurs remarques et leurs propositions...

 

Quelles sont les conséquences pour des établissements comme les nôtres ? La plus grave concerne nos élèves :  faiblesse des apprentissages, violences verbales et physiques entre élèves et envers les adultes qui rendent dangereuse au quotidien la présence dans le collège. Est-il acceptable que des élèves subissent et génèrent des comportements violents qui se banalisent et que nous n'arrivons pas réellement à endiguer ? Certainement pas. Des enfants ou des adolescents qui viennent avec la peur au ventre ou qui reproduisent ces comportements peuvent-ils "être" des élèves ? Nous ne le pensons pas. La question de la violence en milieu scolaire n'est pas qu'un "marronnier" pour les médias. C'est une lutte au quotidien de l'ensemble des personnels, mais elle nécessite des moyens humains que nous n'avons pas.

Passons sur le manque de locaux, sur les zones "dangereuses", sur le manque de structures d'accueil pour des élèves en grande difficulté scolaire qui se retrouvent noyé-e-s dans la masse, sur le nombre important d'éléments du règlement intérieur ouvertement transgressés quotidiennement et massivement, sur des problèmes propres à chaque établissement (pas de salle de permanence pour accueillir les élèves, ni de lieu adapté pour recevoir les parents, toilettes fermées faute de personnel...)

Et ce sont les élèves et personnels qui craquent, les un-e-s après les autres. La sécurité sociale devient la béquille d'un système éducatif malade qu'on ne cherche pas à guérir, nos hiérarchies se comportant comme des Diafoirus. Et évidemment face aux absences de moyenne durée, pas de remplacement : les collègues enseignant-e-s "titulaires de zone de remplacement" (TZR) sont déjà presque tou-te-s affecté-e-s en poste fixe à l'année dans des établissements,  ce qui anéantit les possibilités de remplacement. Les contrats précaires se multiplient, avec des collègues qui se retrouvent du jour au lendemain, sans aucune formation, devant des classes, parfois sur plusieurs établissements. La situation est encore pire pour les collègues ATTE qui s'occupent du ménage, de la cantine ou de la loge : en cas d'absence de moins de deux mois, la charge de travail est répartie sur les collègues : pas de remplacement mais une pression quotidienne pour "augmenter la productivité". L'usure physique et psychologique est réelle, le cercle est vicieux. Symptôme du besoin de se préserver : le nombre de temps partiels demandés par les personnels. 

Le "management" des directions d'établissement est en cause. Manque de dialogue, gestion de la pénurie avec des bouts de ficelle, vision comptable et mécanique de l'enseignement : nous sommes bien souvent confrontés à des directions distantes et dépassées.

Finalement, c'est la qualité de vie et de travail qui est fortement dégradée. Ceci pousse de plus en plus de personnes à éviter ou quitter ces établissements. Ce sont les élèves qui partent pour un ailleurs pensé meilleur, du moins plus sûr, qui rejoignent l'enseignement privé (financé par l'argent public) quand les parents en ont les moyens et/ou les réseaux. Ce sont les collègues qui cherchent à changer de poste, pour des conditions de travail moins difficiles. Le résultat ? Une homogénéisation des élèves "par le bas", une rotation de personnels qui empêche une construction d'équipes solides pour faire face et pour pratiquer correctement nos métiers.

 

A la rentrée de septembre 2014 ? Un nouvel iceberg !

Malgré les discours sur la refondation et les annonces médiatiques sur "l'éducation comme priorité", rien ne change concrètement. Nous sommes tou-te-s confronté-e-s à des DHG (dotations horaires globales, soit le nombre d'heures d'enseignement) qui sont proportionnellement en baisse par rapport au nombre d'élèves. On continue de nous imposer des heures supplémentaires au lieu de créations de postes qui permettraient une augmentation du nombre d'adultes dans les établissements...

Non, nous ne nous résignons pas à ce que nos classes puissent se transformer en "garderie" faute de moyens pour prendre en charge correctement les élèves. Nous voulons que nos élèves puissent bénéficier d'un enseignement de qualité, nous voulons pouvoir travailler dans des conditions décentes. Nous refusons d'être des établissements de relégation, dont le rôle serait seulement d'amener des élèves le plus vite possible vers la fin de la scolarité obligatoire. Nous croyons dans les possibilités émancipatrices de l'enseignement au niveau individuel et collectif, pour aider à la construction d'êtres responsables, de citoyennes et de citoyens. Et dans la possibilité de prendre plaisir à être à l'école.

 

On colmate, on écope et on change de cap ?

Voici nos revendications à court terme pour redresser la barre et fournir des conditions de travail correctes aux élèves et aux personnels:

- Augmenter de façon conséquente le nombre de personnels, avec des statuts décents :

- créer des postes d'enseignant-e-s (arrêt des heures supplémentaires et réduction au minimum des enseignant-e-s sur plusieurs établissements) ;

- renforcer les équipes de vie scolaire (assistant-e-s d'éducation, assistant-e-s pédagogiques, CPE) pour prendre en charge plus particulièrement les phénomènes de violence et pouvoir être dans la prévention ; prime ZEP pour les AED et AP comme le reste des personnels,

- créer des postes d'ATTE à la hauteur des besoins et mettre en place un remplacement effectif en cas d'absence;

 

- baisser le nombre d'élèves par classe : passer de 24 à 20 voir 18 élèves en seuil maximum pour l'enseignement prioritaire ;

 

- mettre en place un plan d'urgence de construction d'établissements scolaires pour avoir des établissements à échelle humaine et accueillir les élèves dans des conditions adéquates ;

 

- revenir aux anciens tarifs de cantine et organiser la mise en place de fonds sociaux à la hauteur des besoins, y compris pour les sans-papiers ;

 

D'autres éléments sont à imaginer, comme la possibilité de dédoubler des classes, de baisser le temps de présence devant élève pour faciliter la coordination de projets pédagogiques entre les différents personnels, pour avoir un suivi effectif des élèves...

 

Nous savons que nous ne sommes pas les seul-e-s concerné-e-s : nombreux sont les établissements dans une situation proche des nôtres. Nous pensons qu'il faut un plan de rattrapage pour l'enseignement prioritaire, à la hauteur des enjeux et pour l’ensemble de l’enseignement au-delà. Pour nos élèves, pour nous, nous avons décidé de ne pas courber l'échine.

 

Nous appelons l’ensemble des collègues

à suivre l’appel de l’AG de gréviste du 13 février :

 la grève reconductible à partir du mardi 4 mars 

 

Les personnels mobilisés du collège Elsa Triolet

(Saint-Denis, 93)

en grève à 63% le jeudi 13 février.

Cri d'alarme de collèges du 93 / grève reconductible à partir du 4 mars
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